Mardi , l’Iéna était entré depuis quelques jours
dans un des bassins de carénage de Missiessy - dans le port
militaire de Toulon - pour une visite de sa coque. Les travaux
étaient presque achevés, tout était normal ; vers une heure
passée de l’après-midi, les hommes d’équipage regagnèrent leur
poste, les ouvriers de l’arsenal n'étaient pas encore revenus à
bord. Une première explosion se produisit. Une grande flamme
jaillit d'une cheminée et du monte-charge de la soute tribord.
L’incendie gagna rapidement les autres soutes et les torpilles,
les explosions se succédèrent.Les toitures de trois ateliers
furent soufflées. Le Suffren, qui se trouvait dans un
bassin proche, se coucha presque complètement sur tribord. Des
éclats furent projetés à des centaines de mètres, blessant des
passants et tuant même un enfant dans les bras de sa nourrice.
Les dégâts furent considérables. Des débris humains furent
dispersés dans un rayon de 200 mètres.Sur un équipage de
630 hommes, officiers compris, le bilan officiel fut de
37 blessés, dont l’amiral Henri-Louis Manceron légèrement
blessé, et de 118 morts, dont sept officiers parmi lesquels
le capitaine de vaisseau Adigard qui commandait le navire.Le
jour même, le ministre de la Marine, Gaston Thomson, partit pour
Toulon où il arriva le lendemain. Dans un contexte international
toujours tendu au lendemain de la crise de Tanger l’émotion fut
vive. Les messages de sympathie affluèrent du monde entier. Le
roi Édouard VII d’Angleterre et l’infant d’Espagne se rendirent
sur les lieux et visitèrent l’épave.Les obsèques nationales
eurent lieu le samedi 23 mars sur la place d’Armes à Toulon en
présence du Président Armand Fallières, des différentes
personnalités dont Mgr
Guillibert évêque de Fréjus et des corps constitués. Les
cercueils des victimes étaient portés par des prolonges
d’artillerie et le long cortège funèbre défila devant les
survivants réunis.Une enquête parlementaire sur l’origine de la
catastrophe fut immédiatement ouverte. Le gouvernement
Clemenceau constitua une commission mixte, la Commission
scientifique d'étude des poudres de guerre créée le suivant par décret du président Fallières.
L’enquête mit en cause la poudre B. En vieillissant, la poudre B
se décomposait, devenait instable et s’auto-enflammait. C’est
ainsi que débuta la fameuse « affaire des poudres »,
qui opposa violemment Léopold Maissin, alors directeur de la
poudrerie du Moulin blanc au Relecq-Kerhuon
près de Brest et Albert Louppe, alors directeur de la poudrerie
de Pont-de-Buis qui se rejetèrent réciproquement les
responsabilités. Cette polémique dura jusqu’en 1914, ravivée en
novembre 1911 par l’explosion du cuirassé Liberté.En
1908-1909, l’Iéna fut amarré en baie d'Alycastre à Porquerolles pour servir de cible
de tir pour la Marine. Il servit en particulier à la mise au
point des obus perforants, devant exploser seulement après avoir
traversé le blindage de la cible.
quelques liens.
https://fr.wikipedia.org/wiki/I%C3%A9na_(cuirass%C3%A9) |
https://www.histoire-genealogie.com/La-catastrophe-du-cuirasse-Iena |
http://navalhistory.flixco.info/H/211103x53056/8330/a0.htm |